Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fois son adversaire qui se montrait également.

Ils ne se saluèrent pas. Si l’un des deux avait été blessé, ils se seraient serré les mains. Chacun jurait d’ailleurs avec conviction avoir entendu siffler la balle de l’autre.

Le lendemain, vers onze heures du matin, Duroy reçut un petit bleu : « Mon Dieu, que j’ai eu peur ! Viens donc tantôt rue de Constantinople, que je t’embrasse, mon amour. Comme tu es brave — je t’adore. — Clo. »

Il alla au rendez-vous et elle s’élança dans ses bras, le couvrant de baisers :

— Oh ! mon chéri, si tu savais mon émotion quand j’ai lu les journaux ce matin. Oh ! raconte-moi. Dis-moi tout. Je veux savoir.

Il dut raconter les détails avec minutie. Elle demandait :

— Comme tu as dû avoir une mauvaise nuit avant le duel !

— Mais non. J’ai bien dormi.

— Moi je n’aurais pas fermé l’œil. Et sur le terrain, dis-moi comment ça s’est passé.

Il fit un récit dramatique :

— Lorsque nous fûmes en face l’un de l’autre, à vingt pas, quatre fois seulement la longueur de cette chambre, Jacques, après avoir demandé si nous étions prêts, commanda : « Feu. » J’ai élevé mon bras immé-