Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/284

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compris que c’était fini, enfin, et qu’il fallait compter les heures…

Elle était fort pâle. Elle reprit :

— Je n’oublierai jamais l’expression de son visage. Certes, il a vu la mort à ce moment-là. Il l’a vue…

Ils entendaient le prêtre, qui parlait un peu haut, étant un peu sourd, et qui disait :

— Mais non, mais non, vous n’êtes pas si bas que ça. Vous êtes malade, mais nullement en danger. Et la preuve c’est que je viens en ami, en voisin.

Ils ne distinguèrent pas ce que répondit Forestier. Le vieillard reprit :

— Non, je ne vous ferai pas communier. Nous causerons de ça quand vous irez bien. Si vous voulez profiter de ma visite pour vous confesser par exemple, je ne demande pas mieux. Je suis un pasteur, moi, je saisis toutes les occasions pour ramener mes brebis.

Un long silence suivit. Forestier devait parler de sa voix haletante et sans timbre.

Puis tout d’un coup, le prêtre prononça, d’un ton différent, d’un ton d’officiant à l’autel :

— La miséricorde de Dieu est infinie, récitez le Confiteor, mon enfant. Vous l’avez peut-être oublié, je vais vous aider. Répétez avec moi : Confiteor Deo omnipotenti… Beatæ Mariæ semper virgini…