Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/399

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— Alors, c’est une déclaration… sérieuse ?

— Mais oui ! Voici longtemps que je voulais vous la faire, très longtemps, même. Et puis, je n’osais pas. On vous dit si sévère, si rigide…

Elle avait retrouvé son assurance. Elle répondit :

— Pourquoi avez-vous choisi aujourd’hui ?

— Je ne sais pas.

Puis il baissa la voix :

— Ou plutôt, c’est parce que je ne pense qu’à vous, depuis hier.

Elle balbutia, pâlie tout à coup :

— Voyons, assez d’enfantillages, et parlons d’autre chose.

Mais il était tombé à ses genoux si brusquement qu’elle eut peur. Elle voulut se lever ; il la tenait assise de force de ses deux bras enlacés à la taille et il répétait d’une voix passionnée :

— Oui, c’est vrai que je vous aime, follement, depuis longtemps. Ne me répondez pas. Que voulez-vous, je suis fou ! Je vous aime… Oh ! si vous saviez, comme je vous aime !

Elle suffoquait, haletait, essayait de parler et ne pouvait prononcer un mot. Elle le repoussait de ses deux mains, l’ayant saisi aux cheveux pour empêcher l’approche de cette