Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/503

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Guerche ? Il est venu boire un verre de punch, tout à l’heure.

Puis il s’élança vers le sénateur Rissolin qui traînait sa femme étourdie et ornée comme une boutique foraine.

Un monsieur saluait Suzanne, un grand garçon mince, à favoris blonds, un peu chauve, avec cet air mondain qu’on reconnaît partout. Georges l’entendit nommer : le Marquis de Cazolles, et il fut brusquement jaloux de cet homme. Depuis quand le connaissait-elle ? Depuis sa fortune sans doute ? Il devinait un prétendant.

On le prit par le bras. C’était Norbert de Varenne. Le vieux poète promenait ses cheveux gras et son habit fatigué d’un air indifférent et las.

— Voilà ce qu’on appelle s’amuser, dit-il. Tout à l’heure on dansera ; et puis on se couchera ; et les petites filles seront contentes. Prenez du champagne, il est excellent.

Il se fit emplir un verre et, saluant Du Roy qui en avait pris un autre :

— Je bois à la revanche de l’esprit sur les millions.

Puis il ajouta, d’une voix douce :

— Non pas qu’ils me gênent chez les autres ou que je leur en veuille. Mais je proteste par principe.