rambot nous a quittés, je n’ai personne pour aller prendre des renseignements urgents et confidentiels, et le journal en souffre.
Le père Walter devint sérieux et releva tout à fait ses lunettes pour regarder Duroy bien en face. Puis il dit :
— Il est certain que M. Duroy a un esprit original. S’il veut bien venir causer avec moi, demain à trois heures, nous arrangerons ça.
Puis, après un silence, et se tournant tout à fait vers le jeune homme :
— Mais faites-nous tout de suite une petite série fantaisiste sur l’Algérie. Vous raconterez vos souvenirs, et vous mêlerez à ça la question de la colonisation, comme tout à l’heure. C’est d’actualité, tout à fait d’actualité, et je suis sûr que ça plaira beaucoup à nos lecteurs. Mais dépêchez-vous ! Il me faut le premier article pour demain ou après-demain, pendant qu’on discute à la Chambre, afin d’amorcer le public.
Mme Walter ajouta, avec cette grâce sérieuse qu’elle mettait en tout et qui donnait un air de faveurs à ses paroles :
— Et vous avez un titre charmant : Souvenirs d’un chasseur d’Afrique ; n’est-ce pas, monsieur Norbert ?
Le vieux poète, arrivé tard à la renommée,