Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/548

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ché, vers minuit, venez me rejoindre place de la Concorde. Vous me trouverez dans un fiacre arrêté en face du ministère de la Marine.

— J’irai.

— Bien vrai ?

— Bien vrai.

Il lui prit la main et la serra :

— Oh ! que je vous aime ! Comme vous êtes bonne et brave ! Alors, vous ne voulez pas épouser M. de Cazolles ?

— Oh ! non.

— Votre père s’est beaucoup fâché quand vous avez dit non ?

— Je crois bien, il voulait me remettre au couvent.

— Vous voyez qu’il est nécessaire d’être énergique.

— Je le serai.

Elle regardait le vaste horizon, la tête pleine de cette idée d’enlèvement. Elle irait plus loin que là-bas… avec lui !… Elle serait enlevée !… Elle était fière de ça ! Elle ne songeait guère à sa réputation, à ce qui pouvait lui arriver d’infâme. Le savait-elle, même ? Le soupçonnait-elle ?

Mme  Walter, se retournant, cria :

— Mais viens donc, petite. Qu’est-ce que tu fais avec Bel-Ami ?