Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/573

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Le poète sourit :

— Oui et non. Elle vit très retirée, m’a-t-on dit, dans le quartier Montmartre. Mais… il y a un mais… je lis depuis quelque temps dans la Plume des articles politiques qui ressemblent terriblement à ceux de Forestier et de Du Roy. Ils sont d’un nommé Jean Le Dol, un jeune homme, beau garçon, intelligent, de la même race que notre ami Georges, et qui a fait la connaissance de son ancienne femme. D’où j’ai conclu qu’elle aimait les débutants et les aimerait éternellement. Elle est riche d’ailleurs. Vaudrec et Laroche-Mathieu n’ont pas été pour rien les assidus de la maison.

Rival déclara :

— Elle n’est pas mal, cette petite Madeleine. Très fine et très rouée ! Elle doit être charmante au découvert. Mais, dites-moi, comment se fait-il que Du Roy se marie à l’église après un divorce prononcé ?

Norbert de Varenne répondit :

— Il se marie à l’église parce que, pour l’Église, il n’était pas marié, la première fois.

— Comment ça ?

— Notre Bel-Ami, par indifférence ou par économie, avait jugé la mairie suffisante en épousant Madeleine Forestier. Il s’était donc passé de bénédiction ecclésiastique, ce qui constituait, pour notre Sainte Mère l’Église,