Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/91

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qui te mettra en rapport avec un de ses employés. Et tu t’arrangeras avec lui pour toutes les nouvelles importantes, — trois, — du service de la préfecture, les nouvelles officielles et quasi officielles, bien entendu. Pour tout le détail, tu t’adresseras à Saint-Potin, qui est au courant, — quatre, — tu le verras tout à l’heure ou demain. Il faudra surtout t’accoutumer à tirer les vers du nez des gens que je t’enverrai voir, — cinq, — et à pénétrer partout malgré les portes fermées, — six. — Tu toucheras pour cela deux cents francs par mois de fixe, plus deux sous la ligne pour les échos intéressants de ton cru, — sept, — plus deux sous la ligne également pour les articles qu’on te commandera sur des sujets divers, — huit.

Puis il ne fit plus attention qu’à son jeu, et il continua à compter lentement, — neuf, — dix, — onze, — douze, — treize. — Il manqua le quatorzième, et, jurant :

— Nom de Dieu de treize ; il me porte toujours la guigne, ce bougre-là. Je mourrai un treize certainement.

Un des rédacteurs qui avait fini sa besogne prit à son tour un bilboquet dans l’armoire ; c’était un tout petit homme qui avait l’air d’un enfant, bien qu’il fût âgé de trente-cinq ans ; et plusieurs autres journalistes étant