Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/96

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feraient son chef et ses collègues. L’idée de l’effarement du chef, surtout, le ravissait.

Il marchait lentement pour ne pas arriver avant neuf heures et demie, la caisse n’ouvrant qu’à dix heures.

Son bureau était une grande pièce sombre, où il fallait tenir le gaz allumé presque tout le jour en hiver. Elle donnait sur une cour étroite, en face d’autres bureaux. Ils étaient huit employés là dedans, plus un sous-chef dans un coin, caché derrière un paravent.

Duroy alla d’abord chercher ses cent dix-huit francs vingt-cinq centimes, enfermés dans une enveloppe jaune et déposés dans le tiroir du commis chargé des payements, puis il pénétra d’un air vainqueur dans la vaste salle de travail où il avait déjà passé tant de jours.

Dès qu’il fut entré, le sous-chef, M. Potel, l’appela :

— Ah ! c’est vous, monsieur Duroy ? Le chef vous a déjà demandé plusieurs fois. Vous savez qu’il n’admet pas qu’on soit malade deux jours de suite sans attestation du médecin.

Duroy, qui se tenait debout au milieu du bureau, préparant son effet, répondit d’une voix forte :

— Je m’en fiche un peu, par exemple !