Enfin nous jouons la comédie. Comme nous ne
sommes que deux femmes, mon mari remplit les rôles
de soubrette, et pour cela il s’est rasé. Tu ne te figures
pas, ma chère Lucie, comme ça le
change ! Je ne le reconnais plus…
ni le jour ni la nuit. S’il ne laissait
pas repousser immédiatement sa
moustache, je crois que je lui deviendrais
infidèle, tant il me déplaît
ainsi.
Vraiment, un homme sans moustache n’est plus un homme. Je n’aime pas beaucoup la barbe ; elle donne presque toujours l’air négligé, mais la moustache, oh ! la moustache est indispensable à une physionomie virile. Non, jamais tu ne pourrais imaginer comme cette petite brosse de poils sur la lèvre est utile à l’œil et… aux… relations entre époux. Il m’est venu sur cette matière un tas de réflexions que je n’ose guère t’écrire. Je te les dirai volontiers… tout bas. Mais les mots sont si difficiles à trouver pour exprimer certaines choses, et certains d’entre eux, qu’on ne peut guère remplacer, ont sur le papier une si vilaine figure, que je ne peux les tracer. Et puis, le sujet est si difficile, si délicat, si scabreux qu’il faudrait une science infinie pour l’aborder sans danger.
Enfin ! tant pis si tu ne me comprends pas. Et puis, ma chère, tâche un peu de lire entre les lignes.