interdite qu’elle ne trouvait rien. Enfin elle balbutia :
— Te… te… te v’là grosse, manante, c’est-il ben possible ?
C’étaient de riches fermiers, les Malivoire, des gens cossus, posés, respectés, malins et puissants.
Céleste bégaya :
— J’crais ben que oui, tout de même.
La mère effarée regardait sa fille abattue devant elle et larmoyant. Au bout de quelques secondes elle cria :
— Te v’là grosse ! Te v’là grosse ! Où qu’t’as attrapé ça, roulure ?
Et Céleste, toute secouée par l’émotion, murmura :
— J’crais ben que c’est dans la voiture à Polyte.
La vieille cherchait à comprendre, cherchait à deviner, cherchait à savoir qui avait pu faire ce malheur à sa fille. Si c’était un gars bien riche et bien vu, on verrait à s’arranger. Il n’y aurait encore que demi-mal ; Céleste n’était pas la première à qui pareille chose arrivait ; mais ça la contrariait tout de même, vu les propos et leur position.
Elle reprit :
— Et qué que c’est qui t’a fait ça, salope ?
Et Céleste, résolue à tout dire, balbutia :
— J’crais ben qu’ c’est Polyte.
Alors la mère Malivoire, affolée de colère, se rua sur sa fille et se mit à la battre avec une telle frénésie qu’elle en perdit son bonnet.
Elle tapait à grands coups de poing sur la tête, sur le dos, partout ; et Céleste, tout à fait allongée entre les deux seaux, qui la protégeaient un peu, cachait seulement sa figure entre ses mains.