Page:Maupassant - Boule de suif, OC, Conard, 1908.djvu/271

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APPENDICE.

Nous donnons ici, à titre purement documentaire, et pour que le lecteur puisse se rendre compte de la venue de son talent, les quatre premières nouvelles publiées par Maupassant. On retrouvera dans la Main d’Écorché l'idée première de la Main (Contes du Jour et de la Nuit), et dans le Mariage du Lieutenant Laré celle des Idées du Colonel (Yvette).

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LA MAIN D’ÉCORCHÉ.


Il y a huit mois environ, un de mes amis, Louis R., avait réuni, un soir, quelques camarades de collège ; nous buvions du punch et nous fumions en causant littérature, peinture, et en racontant, de temps à autre, quelques joyeusetés, ainsi que cela se pratique dans les réunions de jeunes gens. Tout à coup la porte s’ouvre toute grande et un de mes bons amis d’enfance entre comme un ouragan. « Devinez d’où je viens », s’écria-t-il aussitôt. — « Je parie pour Mabille », répond l’un, — « Non, tu es trop gai, tu viens d’emprunter de l’argent, d’enterrer ton oncle, ou de mettre ta montre chez ma tante », reprend un autre ; « Tu viens de te griser, riposte un troisième, et comme tu as senti le punch chez Louis,