Page:Maupassant - Boule de suif.djvu/131

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avec la famille. Cette fois, le père Taille fut attendri jusqu’aux larmes à son tour, et il répéta à plusieurs reprises :

« C’est bien, ça, petite, c’est bien, c’est bien. » Alors, elle dit tout de suite son affaire. — Elle ne voulait pas qu’on fît la noce de Rose à Sainte-Adresse, elle ne voulait pas, ah ! mais non. On la ferait chez elle, donc, cette noce, et ça ne coûterait rien au père. Ses dispositions étaient prises, tout arrangé, tout réglé ; elle se chargeait de tout, voilà !

Le vieux répéta : « Ça, c’est bien, petite, c’est bien ». Mais un scrupule lui vint. Les Touchard consentiraient-ils ? Rose, la fiancée, surprise, demanda : « Pourquoi qu’ils ne voudraient pas, donc ? Laisse faire, je m’en charge, je vais en parler à Philippe, moi ».

Elle en parla à son prétendu, en effet, le jour même ; et Philippe déclara que ça lui allait parfaitement. Le père et la mère Touchard furent aussi ravis de faire un bon dîner qui ne coûterait rien. Et ils disaient : « Ça sera bien, pour sûr, vu que monsieur Dubois roule sur l’or ».

Alors ils demandèrent la permission d’inviter une amie, Mlle Florence, la cuisinière des gens du premier. Anna consentit à tout.

Le mariage était fixé au dernier mardi du mois.


II


Après la formalité de la mairie et la cérémonie religieuse, la noce se dirigea vers la maison d’Anna. Les Taille avaient amené, de leur côté, un cousin d’âge,