Elle restait stupide, regardant son ventre, répétant :
— Mais non, je n’crois point.
Alors, il l’interrogea, voulant tout savoir :
— Dis-mé si vous n’avez point, quéque soir, mêlé vos sabots ?
— Oui, je les ons mêlés l’premier soir et puis l’s autres.
— Mais t’es pleine, grande futaille.
Elle se mit à sangloter, balbutiant :
— J’savais ti, mé ? J’savais ti, mé ?
Le père Malandain la guettait, l’œil éveillé, la mine satisfaite. Il demanda :
— Quéque tu ne savais point ?
Elle prononça, à travers ses pleurs :
— J’savais ti, mé, que ça se faisait comme ça d’s’éfants !
Sa mère rentrait. L’homme articula, sans colère :
— La v’la grosse, à c’t’heure.
Mais la femme se fâcha, révoltée d’instinct, injuriant à pleine gueule sa fille en larmes, la traitant de « manante » et de « traînée ».
Alors le vieux la fit taire. Et comme il prenait sa casquette pour causer de leurs affaires avec maît’ Césaire Omont, il déclara :
— All’ est tout d’même encore pu sotte que j’aurais cru. All’ n’savait point c’qu’all’ faisait, c’te niente.
Au prône du dimanche suivant, le vieux curé publiait les bans de M. Onufre-Césaire Omont avec Céleste-Adélaïde Malandain.