Page:Maupassant - Boule de suif.djvu/176

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— Oh ! que c’est ennuyeux, dit-elle.

— Mon Dieu ! oui ou non. Êtes-vous pressée de retourner chez vous ?

— Pas du tout.

— Eh bien, restez ici. Je m’efforcerai de vous faire passer le temps.

— Vous êtes trop aimable, monsieur.

— Vous êtes descendue à l’hôtel ?

Elle nomma le premier hôtel de Rouen.

— Eh bien, mademoiselle, voulez-vous permettre à votre futur… notaire de vous offrir à dîner, ce soir.

Elle parut hésiter, inquiète, indécise ; puis elle se décida :

— Oui, monsieur.

— Je vous prendrai chez vous à sept heures.

— Oui, monsieur.

— Alors, à ce soir, mademoiselle ?

— Oui, monsieur.

Et je le reconduisis jusqu’à ma porte.


À sept heures, j’étais chez elle. Elle avait fait des frais de toilette pour moi et me reçut d’une façon très coquette.

Je l’emmenai dîner dans un restaurant où j’étais connu, et je commandai un menu troublant.

Une heure plus tard, nous étions très amis, et elle me contait son histoire. Fille d’une grande dame séduite par un gentilhomme, elle avait été élevée chez des paysans. Elle était riche à présent, ayant hérité de grosses som-