Page:Maupassant - Bouvard et Pécuchet, paru dans le supplément au Gaulois, 6 avril 1881.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tentation de saint Antoine, il l’a de nouveau accompli pour tous les savoirs modernes. C’est la tour de Babel de la science, où toutes les doctrines diverses, contraires, absolues pourtant, parlant chacune sa langue, démontrent l’impuissance de l’effort, la vanité de l’affirmation et toujours l’« éternelle misère de tout ».

La vérité d’aujourd’hui devient erreur demain, tout est incertain, variable et contient en des proportions inconnues des quantités de vrai comme de faux. À moins qu’il n’y ait ni vrai ni faux. La morale du livre me semble contenue dans cette phrase de Bouvard : « La science est faite suivant les données fournies par un coin de l’étendue. Peut-être ne convient-elle pas à tout le reste qu’on ignore, qui est beaucoup plus grand et qu’on ne peut découvrir. »