faute. Et, pour te dédommager, je t’offre de prendre, cette année, tout ce qui se trouvera sous terre.
— Ça me va, dit Satan.
Au printemps suivant, toute l’étendue des terres de l’Esprit du mal était couverte de blés épais, d’avoines grosses comme des clochetons, de lins, de colzas magnifiques, de trèfles rouges, de pois, de choux, d’artichauts, de tout ce qui s’épanouit au soleil en graines ou en fruits.
Satan n’eut encore rien et se fâcha tout à fait.
Il reprit ses prés et ses labours et resta sourd à toutes les ouvertures nouvelles de son voisin.
Une année entière s’écoula. Du haut de son manoir isolé, saint Michel regardait la terre lointaine et féconde, et voyait le diable dirigeant les travaux, rentrant les récoltes, battant ses grains. Et il rageait, s’exaspérant de son impuissance. Ne pouvant plus duper Satan, il résolut de s’en venger, et il alla le prier à dîner pour le lundi suivant.
— Tu n’as pas été heureux dans tes affaires avec moi, disait-il, je le sais ; mais je ne veux pas