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la porte

Or, un matin, comme il m’était venu chercher pour faire une promenade à pied, avant déjeuner, nous en vînmes à parler du mariage. Je dis quelques phrases sur la solitude et quelques autres sur la vie commune rendue charmante par la tendresse d’une femme. Il m’interrompit tout à coup : « Mon cher, ne parlez pas de ce que vous ne connaissez point. Une femme qui n’a plus d’intérêt à vous aimer, ne vous aime pas longtemps. Toutes les coquetteries qui les font exquises, quand elles ne nous appartiennent pas définitivement, cessent dès qu’elles sont à nous. Et puis d’ailleurs… les femmes honnêtes… c’est-à-dire nos femmes… sont… ne sont pas… manquent de… enfin ne connaissent pas assez leur métier de femme. Voilà… je m’entends. »

Il n’en dit pas davantage et je ne pus deviner au juste sa pensée.

Deux jours après cette conversation il m’appela dans sa chambre, de très bonne heure, pour me montrer une collection de gravures.

Je m’assis dans un fauteuil, en face de la grande porte qui séparait son appartement de celui de sa femme, et derrière cette porte, j’en-