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le père

deux ans de suite. La petite fille les appelle tous papa, comme on dit « monsieur » chez nous.


Nous arrivions au château et nous aperçûmes vaguement, debout devant le perron, trois ombres qui nous attendaient.

La plus haute fit quatre pas, et avec un grand salut :

— Monsieur le comte, nous sommes venus ce jour, savez-vous, vous témoigner de notre reconnaissance…

C’était un Belge !

Après lui, la plus petite parla, avec cette voix apprêtée et factice des enfants qui récitent un compliment.

Moi, jouant l’innocent, je pris à part Mme Elmire et, après quelques propos, je lui demandai :

— C’est le père de votre enfant ?

— Oh ! non, Monsieur.

— Et le père, il est mort.

— Oh ! non, Monsieur. Nous nous voyons encore quelquefois. Il est gendarme.

— Ah ! bah ! Alors ce n’était pas le Marseillais, le premier, celui de l’accouchement ?