Page:Maupassant - Clair de lune, 1905.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
un coup d’état

nant. C’était non seulement son droit, mais aussi son devoir.

Et il regardait anxieusement la mairie, espérant qu’il allait voir la porte s’ouvrir et son adversaire se replier.

La porte restait fermée. Que faire ? la foule augmentait, se serrait autour de la milice. On riait.

Une réflexion surtout torturait le médecin. S’il donnait l’assaut, il faudrait marcher à la tête de ses hommes ; et comme, lui mort, toute contestation cesserait, c’était sur lui, sur lui seul que tireraient M. de Varnetot et ses trois gardes. Et ils tiraient bien, très bien ; Picart venait encore de le lui répéter. Mais une idée l’illumina et, se tournant vers Pommel :

— Allez vite prier le pharmacien de me prêter une serviette et un bâton.

Le lieutenant se précipita.

Il allait faire un drapeau parlementaire, un drapeau blanc dont la vue réjouirait peut-être le cœur légitimiste de l’ancien maire.

Pommel revint avec le linge demandé et un manche à balai. Au moyen de ficelles, on orga-