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l’enfant

lement de chat courut dans la maison silencieuse.

Toutes les femmes furent debout d’un bond, et Berthe, la première, s’élança, malgré sa mère et ses tantes, enveloppée de son peignoir de nuit.

Jacques, debout au milieu de la chambre, livide, haletant, tenait un enfant dans ses bras.

Les quatre femmes le regardèrent effarées ; mais Berthe, devenue soudain téméraire, le cœur crispé d’angoisse, courut à lui : « Qu’y a-t-il ? dites, qu’y a-t-il ? »

Il avait l’air fou ; il répondit d’une voix saccadée : « Il y a… il y a… que j’ai un enfant, et que la mère vient de mourir… » Et il présentait dans ses mains inhabiles le marmot hurlant.

Berthe, sans dire un mot, saisit l’enfant, l’embrassa, l’étreignant contre elle ; puis, relevant sur son mari ses yeux pleins de larmes : « La mère est morte, dites-vous ? » Il répondit : « Oui, tout de suite… dans mes bras… J’avais rompu depuis l’été… Je ne savais rien, moi… c’est le médecin qui m’a fait venir… »

Alors Berthe murmura : « Eh bien, nous l’élèverons ce petit. »