geante ne semblait même habiter, tant la surface en demeurait immobile.
Soudain une voix me fit tressaillir. Un vieux monsieur, qui cherchait des fleurs (car cette contrée est la plus riche de l’Europe pour les herborisants), me demandait :
— Est-ce que vous êtes, monsieur, un parent de ces pauvres enfants ?
Je le regardai stupéfait.
— Quels enfants, monsieur ?
Alors il parut embarrassé et reprit en saluant :
— Je vous demande pardon. En vous voyant ainsi absorbé devant ce réservoir, j’ai cru que vous pensiez au drame affreux qui s’est passé là.
Cette fois je voulus savoir et je le priai de me raconter cette histoire.
Elle est bien sombre et bien navrante, ma chère amie, et bien banale en même temps. C’est un simple fait-divers. Je ne sais s’il faut attribuer mon émotion à la manière dramatique dont la chose me fut dite, au décor des montagnes, au contraste de cette joie du soleil et des fleurs avec le trou noir et meurtrier, mais j’eus le cœur tordu, tous les nerfs secoués par ce récit qui, peut-être, ne vous paraîtra point si terriblement poignant en le lisant