qu’on avait brûlé un vivant, les autres qu’on avait voulu cacher un crime, ceux-ci que le maire serait emprisonné, ceux-là que le prince indien avait succombé à une attaque de choléra.
Des hommes s’étonnaient, des femmes s’indignaient. Une foule passa la journée sur l’emplacement du bûcher, cherchant des fragments d’os dans les galets encore chauds. On en ramassa de quoi reconstituer dix squelettes, car les fermiers de la côte jettent souvent à la mer leurs moutons morts. Les joueurs enfermaient avec soin dans leur porte-monnaie ces fragments divers. Mais aucun d’eux ne possède une parcelle véritable du prince indien.
Le soir même, un délégué du gouvernement venait ouvrir une enquête. Il semblait d’ailleurs juger ce cas singulier en homme d’esprit et de raison. Mais que dira-t-il dans son rapport ?
Les Indiens ont déclaré que, si on les avait empêchés en France de brûler leur mort, ils l’auraient emporté dans une terre plus libre, où ils auraient pu se conformer à leurs usages.
J’ai donc vu brûler un homme sur un bûcher et cela m’a donné le désir de disparaître de la même façon.