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Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/124

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seul et qu’il a d’quoi. J’ferions p’têtre ben d’y envoyer Adélaïde. »

La femme posa sur la table la marmite toute noire, enleva le couvercle, et, pendant que montait au plafond une vapeur de soupe pleine d’une odeur de choux, elle réfléchit.

L’homme reprit : « Il a d’quoi, pour sûr. Mais qu’il faudrait être dégourdi et qu’Adélaïde l’est pas un brin. »

La femme alors articula : « J’pourrions voir tout d’même. » Puis, se tournant vers sa fille, une gaillarde à l’air niais, aux cheveux jaunes, aux grosses joues rouges comme la peau des pommes, elle cria : « T’entends, grande bête. T’iras chez maît’ Omont t’proposer comme servante, et tu f’ras tout c’qu’il te commandera. »

La fille se mit à rire sottement sans répondre. Puis tous trois commencèrent à manger.

Au bout de dix minutes, le père reprit :