Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/129

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allait la massacrer. « Eh bien, nom de D… et té, ous-qu’est ta place ? »

« — Mais… not’ maître… »

Il hurlait : « J’aime pas manger tout seul, nom de D… ; tu vas te mett’ là ou bien foutre le camp si tu n’veux pas. Va chercher t’nassiette et ton verre. »

Épouvantée, elle apporta son couvert en balbutiant : « Me v’là, not’ maître. »

Et elle s’assit en face de lui.

Alors il devint jovial ; il trinquait, tapait sur la table, racontait des histoires qu’elle écoutait les yeux baissés, sans oser prononcer un mot.

De temps en temps elle se levait pour aller chercher du pain, du cidre, des assiettes.

En apportant le café, elle ne déposa qu’une tasse devant lui ; alors, repris de colère, il grogna :

— Eh bien, et pour té ?

— J’n’en prends point, not’ maître.