Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/218

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fieu dans le pays pour le montrer. On le conduisit chez le maire, chez l’adjoint, chez le curé, chez l’instituteur.

Charlot, debout sur le seuil de sa chaumière, le regardait passer.

Le soir, au souper, il dit aux vieux :

— Faut-il qu’vous ayez été sots pour laisser prendre le p’tit aux Vallin.

Sa mère répondit obstinément :

— J’voulions point vendre not’ éfant.

Le père ne disait rien. Le fils reprit :

— C’est-il pas malheureux d’être sacrifié comme ça.

Alors le père Tuvache articula d’un ton coléreux :

— Vas-tu pas nous r’procher d’t’avoir gardé.

Et le jeune homme, brutalement :

— Oui, j’vous le r’proche, que vous n’êtes que des niants. Des parents comme vous ça fait l’malheur des éfants. Qu’vous mériteriez que j’vous quitte.