Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/278

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missement lugubre et long, un frisson de peur courait sur la peau du vieux.

Il s’était abattu sur une chaise, les jambes cassées, hébété, n’en pouvant plus, attendant avec anxiété que « Dévorant » recommençât sa plainte, et secoué par tous les sursauts dont la terreur fait vibrer nos nerfs.

L’horloge d’en bas sonna cinq heures. Le chien ne se taisait pas. Le paysan devenait fou. Il se leva pour aller déchaîner la bête, pour ne plus l’entendre. Il descendit, ouvrit la porte, s’avança dans la nuit.

La neige tombait toujours. Tout était blanc. Les bâtiments de la ferme faisaient de grandes taches noires. L’homme s’approcha de la niche. Le chien tirait sur sa chaîne. Il le lâcha. Alors « Dévorant » fit un bond, puis s’arrêta net, le poil hérissé, les pattes tendues, les crocs au vent, le nez tourné vers le fumier.