Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/50

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côté que la dame était malade ; et il ne s’en inquiéta guère. Mais bientôt cette femme qu’on ne voyait jamais l’irrita. Il s’informa de la maladie ; on répondit que son hôtesse était couchée depuis quinze ans par suite d’un violent chagrin. Il n’en crut rien sans doute, et s’imagina que la pauvre insensée ne quittait pas son lit par fierté, pour ne pas voir les Prussiens, et ne leur point parler, et ne les point frôler.

Il exigea qu’elle le reçût ; on le fit entrer dans sa chambre. Il demanda, d’un ton brusque :

— Je vous prierai, matame, de fous lever et de tescentre pour qu’on fous foie.

Elle tourna vers lui ses yeux vagues, ses yeux vides, et ne répondit pas.

Il reprit :

— Che ne tolérerai bas d’insolence. Si fous ne fous levez bas de ponne volonté, che trouverai pien un moyen de fous faire bromener toute seule.