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Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/93

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tant elle est fille du Nord ; le soleil la dissipe comme un brouillard. Remarquez bien ceci, messieurs. Chez les Orientaux, la vie ne compte pour rien ; on est résigné tout de suite ; les nuits sont claires et vides de légendes, les âmes aussi vides des inquiétudes sombres qui hantent les cerveaux dans les pays froids. En Orient, on peut connaître la panique, on ignore la peur.

Eh bien ! voici ce qui m’est arrivé sur cette terre d’Afrique :

Je traversais les grandes dunes au sud de Ouargla. C’est là un des plus étranges pays du monde. Vous connaissez le sable uni, le sable droit des interminables plages de l’Océan. Eh bien ! figurez-vous l’Océan lui-même devenu sable au milieu d’un ouragan ; imaginez une tempête silencieuse de vagues immobiles en poussière jaune. Elles sont hautes comme des montagnes, ces vagues inégales, différentes, soulevées tout à fait comme des flots déchaînés,