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êtres, avec une émotion profonde et un intérêt ardent.

Mais tout à coup quelqu’un, ayant les yeux fixés au loin, s’écria :

— Oh ! voyez, là-bas, qu’est-ce que c’est ?

Sur la mer, au fond de l’horizon, surgissait une masse grise, énorme et confuse.

Les femmes s’étaient levées et regardaient sans comprendre cette chose surprenante qu’elles n’avaient jamais vue.

Quelqu’un dit :

— C’est la Corse ! On l’aperçoit ainsi deux ou trois fois par an dans certaines conditions d’atmosphère exceptionnelles, quand l’air d’une limpidité parfaite ne la cache plus par ces brumes de vapeur d’eau qui voilent toujours les lointains.

On distinguait vaguement les crêtes, on crut reconnaître la neige des sommets. Et tout le monde restait surpris, troublé, presque effrayé par cette brusque apparition d’un monde, par ce fantôme sorti de la mer. Peut-être eurent-ils de ces visions étranges, ceux qui partirent,