Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/120

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Le sol de terre, bossué, humide, semblait gras, et, dans le fond de l’appartement, le lit faisait une tache vaguement blanche. Un bruit régulier, rauque, une respiration dure, râlante, sifflante, avec un gargouillement d’eau comme celui que fait une pompe brisée, partait de la couche enténébrée où agonisait un vieillard, le père de la paysanne.

L’homme et la femme s’approchaient et regardèrent le moribond, de leur œil placide et résigné.

Le gendre dit :

— C’te fois, c’est fini ; i n’ira pas seulement à la nuit.

La fermière reprit :

— C’est d’puis midi qu’i gargotte comme ça.

Puis ils se turent. Le père avait les yeux fermés, le visage couleur de terre, si sec qu’il semblait en bois. Sa bouche entr’ouverte laissait passer son souffle clapotant et dur ; et le drap de toile grise se soulevait sur la poitrine à chaque aspiration.