Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Grévy ; son esprit malade a chaviré ; il a voulu du sang, du sang de bourgeois !

Ce n’est pas lui qu’il faut condamner, messieurs, c’est la Commune !

Des murmures d’approbation coururent. On sentait bien que la cause était gagnée pour l’avocat. Le ministère public ne répliqua pas.

Alors le président posa au prévenu la question d’usage :

— Accusé, n’avez-vous rien à ajouter pour votre défense ?

L’homme se leva :

Il était de petite taille, d’un blond de lin, avec des yeux gris, fixes et clairs. Une voix forte, franche et sonore sortait de ce frêle garçon et changeait brusquement, aux premiers mots, l’opinion qu’on s’était faite de lui.

Il parla hautement, d’un ton déclamatoire, mais si net que ses moindres paroles se faisaient entendre jusqu’au fond de la grande salle :

— Mon président, comme je ne veux pas