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l’homme, mon père, entra chez moi pour la première fois. Je ne soupçonnais rien. Il me commanda deux meubles. Il avait pris, je le sus plus tard, des renseignements auprès du curé, sous le sceau du secret, bien entendu.

Il revint souvent ; il me faisait travailler et payait bien. Parfois même il causait un peu de choses et d’autres. Je me sentais de l’affection pour lui.

Au commencement de cette année il amena sa femme, ma mère. Quand elle entra, elle tremblait si fort que je la crus atteinte d’une maladie nerveuse. Puis elle demanda un siège et un verre d’eau. Elle ne dit rien ; elle regarda mes meubles d’un air fou, et elle ne répondait que oui et non, à tort et à travers, à toutes les questions qu’il lui posait ! Quand elle fut partie, je la crus un peu toquée.

Elle revint le mois suivant. Elle était calme, maîtresse d’elle. Ils restèrent, ce jour-là, assez longtemps à bavarder, et ils me firent une grosse commande. Je la revis en-