Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/333

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Puis je dormis quelques heures dans un fossé, et je repartis reposé, fortifié par ce somme.

Devant moi, s’ouvrit une ravissante allée, dont le feuillage un peu grêle laissait pleuvoir partout sur le sol des gouttes de soleil qui illuminaient des marguerites blanches. Elle s’allongeait interminablement, vide et calme. Seul, un gros frelon solitaire et bourdonnant la suivait, s’arrêtant parfois pour boire une fleur qui se penchait sous lui, et repartant presque aussitôt pour se reposer encore un peu plus loin. Son corps énorme semblait en velours brun rayé de jaune, porté par des ailes transparentes et démesurément petites.

Mais tout à coup j’aperçus au bout de l’allée deux personnes, un homme et une femme, qui venaient, vers moi. Ennuyé d’être troublé dans ma promenade tranquille j’allais m’enfoncer dans les taillis quand il me sembla qu’on m’appelait. La femme en effet agitait son ombrelle, et l’homme, en manches de chemise,