Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/335

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ton de souverain mépris qu’ont les femmes pour exprimer leur exaspération.

Elle était toute jeune, jolie, brune, avec une ombre de moustache sur les lèvres.

Quant à lui, il suait et s’essuyait le front. C’était assurément un ménage de petits bourgeois parisiens. L’homme semblait atterré, éreinté et désolé.

Il murmura :

— Mais, ma bonne amie… c’est toi…

Elle ne le laissa pas achever :

— C’est moi !… Ah ! c’est moi maintenant. Est-ce moi qui ai voulu partir sans renseignements en prétendant que je me retrouverais toujours ? Est-ce moi qui ai voulu prendre à droite au haut de la côte, en affirmant que je reconnaissais le chemin ? Est-ce moi qui me suis chargée de Cachou…

Elle n’avait point achevé de parler, que son mari, comme s’il eût été pris de folie, poussa un cri perçant, un long cri de sauvage qui ne pourrait s’écrire en aucune langue, mais qui ressemblait à tiiitiiit.