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À la fin, je lui demandai :

— Pourquoi criez-vous comme ça ?

Il répondit d’un air consterné, désespéré :

— C’est mon pauvre chien que j’ai perdu.

— Comment ? Vous avez perdu votre chien ?

— Oui. Il avait à peine un an. Il n’était jamais sorti de la boutique. J’ai voulu le prendre pour le promener dans les bois. Il n’avait jamais vu d’herbes ni de feuilles ; et il est devenu comme fou. Il s’est mis à courir en aboyant et il a disparu dans la forêt. Il faut dire aussi qu’il avait eu très peur du chemin de fer ; cela avait pu lui faire perdre le sens. J’ai eu beau l’appeler, il n’est pas revenu. Il va mourir de faim là-dedans.

La jeune femme, sans se tourner vers son mari, articula :

— Si tu lui avais laissé son attache, cela ne serait pas arrivé. Quand on est bête comme toi, on n’a pas de chien.

Il murmura timidement :

— Mais, ma chère amie, c’est toi…