Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/349

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Elle l’avait toujours appelée : « ma petite », de même que la cadette l’avait toujours appelée : « grande sœur ».

On entendit des pas dans l’escalier. La porte s’ouvrit. Un enfant de chœur parut, suivi du vieux prêtre en surplis. Dès qu’elle l’aperçut, la mourante s’assit d’une secousse, ouvrit les lèvres, balbutia deux ou trois paroles, et se mit à gratter ses ongles comme si elle eût voulu y faire un trou.

L’abbé Simon s’approcha, lui prit la main, la baisa sur le front et, d’une voix douce :

— Dieu vous pardonne, mon enfant ; ayez du courage, voici le moment venu, parlez.

Alors, Marguerite, grelottant de la tête aux pieds, secouant toute sa couche de ses mouvements nerveux, balbutia :

— Assieds-toi, grande sœur, écoute.

Le prêtre se baissa vers Suzanne, toujours abattue au pied du lit, la releva, la mit dans un fauteuil et, prenant dans chaque main la main d’une des deux sœurs, il prononça :