Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est inutile, monsieur, je sais. Ma femme m’a parlé de vous.

Il avait le ton digne d’un homme bon qui veut être sévère, et une majesté bourgeoise d’honnête homme. François Tessier reprit :

— Eh bien, Monsieur, voilà. Je meurs de chagrin, de remords, de honte. Et je voudrais une fois, rien qu’une fois, embrasser… l’enfant…

M. Flamel se leva, s’approcha de la cheminée, sonna. La bonne parut. Il dit :

— Allez me chercher Louis.

Elle sortit. Ils restèrent face à face, muets, n’ayant plus rien à se dire, attendant.

Et, tout à coup, un petit garçon de dix ans se précipita dans le salon, et courut à celui qu’il croyait son père. Mais il s’arrêta, confus, en apercevant un étranger.

M. Flamel le baisa sur le front, puis lui dit :

— Maintenant, embrasse monsieur, mon chéri.

Et l’enfant s’en vint gentiment, en regardant cet inconnu.