Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La mère effarée regardait sa fille abattue devant elle et larmoyant. Au bout de quelques secondes elle cria :

— Te v’la grosse ! Te v’la grosse ! Où qu’t’as attrapé ça, roulure ?

Et Céleste, toute secouée par l’émotion, murmura :

— J’crais ben que c’est dans la voiture à Polyte.

La vieille cherchait à comprendre, cherchait à deviner, cherchait à savoir qui avait pu faire ce malheur à sa fille. Si c’était un gars bien riche et bien vu, on verrait à s’arranger. Il n’y aurait encore que demi-mal ; Céleste n’était pas la première à qui pareille chose arrivait ; mais ça la contrariait tout de même, vu les propos et leur position.

Elle reprit :

— Et qué que c’est qui t’a fait ça, salope ?

Et Céleste, résolue à tout dire, balbutia :

— J’crais ben qu’c’est Polyte.

Alors la mère Malivoire, affolée de colère, se rua sur sa fille et se mit à la battre