immodérée, de prendre une voiture pour aller à la gare, et le train pour aller à Roncières ; puis, songeant que M. de Guilleroy devait revenir le lendemain, il se résigna et se mit à désirer l’arrivée du mari avec presque autant d’impatience que si c’eût été celle de la femme elle-même.
Jamais il n’avait aimé Guilleroy comme en ces vingt-quatre heures d’attente.
Quand il le vit entrer, il s’élança vers lui, les mains tendues, s’écriant :
— Ah ! cher ami, que je suis heureux de vous voir !
L’autre aussi semblait fort satisfait, content surtout de rentrer à Paris, car la vie n’était pas gaie en Normandie, depuis trois semaines.
Les deux hommes s’assirent sur un petit canapé à deux places, dans un coin de l’atelier, sous un dais d’étoffes orientales, et, se reprenant les mains avec des airs attendris, ils se les serrèrent de nouveau.
— Et la comtesse, demanda Bertin, comment va-t-elle ?
— Oh ! pas très bien. Elle a été très touchée, très affectée, et elle se remet trop lentement. J’avoue même qu’elle m’inquiète un peu.
— Mais pourquoi ne revient-elle pas ?
— Je n’en sais rien. Il m’a été impossible de la décider à rentrer ici.
― Que fait-elle tout le jour ?
— Mon Dieu, elle pleure, elle pense à sa mère. Ça n’est pas bon pour elle. Je voudrais bien qu’elle se décidât à changer d’air, à quitter l’endroit où ça s’est passé, vous comprenez ?
— Et Annette ?
— Oh ! elle, une fleur épanouie !