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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/320

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fort comme la mort

Guilleroy hésitait encore. Il disait :

― Vous ne trouvez pas imprudent ce que nous faisons là ?

— Non. Il n’y a pas de danger. Il n’a besoin que de repos et de calme. Mme de Guilleroy voudra bien ne pas le laisser parler et lui parler le moins possible.

La comtesse fut atterrée et reprit :

— Alors il ne faut pas lui parler ?

— Oh ! non, Madame. Prenez un fauteuil et demeurez près de lui. Il ne se sentira pas seul et s’en trouvera bien ; mais pas de fatigue, pas de fatigue de parole ou même de pensée. Je serai ici vers neuf heures du matin. Adieu, Madame, je vous présente tous mes respects.

Il s’en alla en saluant profondément, suivi par le comte qui répétait :

— Ne vous tourmentez pas, ma chère. Avant une heure je serai de retour et vous pourrez rentrer chez nous.

Lorsqu’ils furent partis, elle écouta le bruit de la porte d’en bas qu’on refermait, puis le roulement du coupé s’éloignant dans la rue.

Le domestique et la cuisinière étaient demeurés dans la chambre, attendant des ordres. La comtesse les congédia.

— Retirez-vous, leur dit-elle, je sonnerai si j’ai besoin de quelque chose.

Ils s’en allèrent aussi et elle demeura seule auprès de lui.

Elle était revenue tout contre le lit, et, posant ses mains sur les deux bords de l’oreiller, des deux côtés de cette tête chérie, elle se pencha pour la contem-