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Page:Maupassant - Fort comme la mort, Ollendorff, 1903.djvu/89

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III

« Quand viendrez-vous, mon ami ? Je ne vous ai pas aperçu depuis trois jours, et cela me semble long. Ma fille m’occupe beaucoup, mais vous savez que je ne peux plus me passer de vous. »

Le peintre qui crayonnait des esquisses, cherchant toujours un sujet nouveau, relut le billet de la comtesse, puis ouvrant le tiroir d’un secrétaire, il l’y déposa sur un amas d’autres lettres entassées là depuis le début de leur liaison.

Ils s’étaient accoutumés, grâce aux facilités de la vie mondaine, à se voir presque chaque jour. De temps en temps, elle venait chez lui, et le laissant travailler, s’asseyait pendant une heure ou deux dans le fauteuil où elle avait posé jadis. Mais comme elle craignait un peu les remarques des domestiques, elle préférait pour ces rencontres quotidiennes, pour cette petite monnaie de l’amour, le recevoir chez elle, ou le retrouver dans un salon.

On arrêtait un peu d’avance ces combinaisons, qui semblaient toujours naturelles à M. de Guilleroy.

Deux fois par semaine au moins le peintre dînait chez la comtesse avec quelques amis ; le lundi, il la