Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/110

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un endroit très gentil ; nous regarderons les mioches et les nourrices.

— Mais oui, je veux bien.

Ils franchirent, par l’avenue Vélasquez, la grille dorée et monumentale qui sert d’enseigne et d’entrée à ce bijou de parc élégant, étalant en plein Paris sa grâce factice et verdoyante, au milieu d’une ceinture d’hôtels princiers.

Le long des larges allées, qui déploient à travers les pelouses et les massifs leur courbe savante, une foule de femmes et d’hommes, assis sur des chaises de fer, regardent défiler les passants tandis que, par les petits chemins enfoncés sous les ombrages et serpentant comme des ruisseaux, un peuple d’enfants grouille dans le sable, court, saute à la corde sous l’œil indolent des nourrices ou sous le regard inquiet des mères. Les arbres énormes, arrondis en dôme comme des monuments de feuilles, les marronniers géants dont la lourde verdure est éclaboussée de grappes rouges ou blanches, les sycomores distingués, les platanes décoratifs avec leur tronc savamment tourmenté, ornent en des perspectives séduisantes les grands gazons onduleux.

Il fait chaud, les tourterelles roucoulent dans les feuillages et voisinent de cime en cime, tandis que les moineaux se baignent dans l’arc-en-ciel dont le soleil enlumine la poussière d’eau des ar-