Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/140

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Mais soudain il revint à la grande affaire du jour.

— Commençons à droite, nous allons rejoindre la duchesse.

La comtesse, au courant de toutes les choses de la peinture et préoccupée comme un exposant, demanda :

— Que dit-on ?

— Beau salon. Le Bonnat remarquable, deux excellents Carolus Duran, un Puvis de Chavannes admirable, un Roll très étonnant, très neuf, un Gervex exquis, et beaucoup d’autres, des Béraud, des Cazin, des Duez, des tas de bonnes choses enfin.

— Et vous, dit-elle.

— On me fait des compliments, mais je ne suis pas content.

— Vous n’êtes jamais content.

— Si, quelquefois. Mais aujourd’hui, vrai, je crois que j’ai raison.

— Pourquoi ?

— Je n’en sais rien.

— Allons voir.

Quand ils arrivèrent devant le tableau — deux petites paysannes prenant un bain dans un ruisseau — un groupe arrêté l’admirait. Elle en fut joyeuse, et tout bas.

— Mais il est délicieux, c’est un bijou. Vous n’avez rien fait de mieux.