Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/174

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plafond, et larges comme des baies, furent ouvertes à deux battants. Un souffle d’air tiède, portant des odeurs d’herbe chaude et des bruits lointains de campagne, entra brusquement par ces trois grands trous, se mêlant à l’air un peu humide de la pièce profonde enfermée dans les murs épais du château.

— Ah ! c’est bon, dit Annette, en respirant à pleine gorge.

Les yeux des deux femmes s’étaient tournés vers le dehors et regardaient au-dessous d’un ciel bleu clair, un peu voilé par cette brume de midi qui miroite sur les terres imprégnées de soleil, la longue pelouse verte du parc, avec ses îlots d’arbres de place en place et ses perspectives ouvertes au loin sur la campagne jaune illuminée jusqu’à l’horizon par la nappe d’or des récoltes mûres.

— Nous ferons une longue promenade après déjeuner, dit la comtesse. Nous pourrons aller à pied jusqu’à Berville, en suivant la rivière, car il ferait trop chaud dans la plaine.

— Oui, maman, et nous prendrons Julio pour faire lever des perdrix.

— Tu sais que ton père le défend.

— Oh, puisque papa est à Paris ! C’est si amusant de voir Julio en arrêt. Tiens, le voici qui taquine les vaches. Dieu, qu’il est drôle !

Repoussant sa chaise, elle se leva et courut à une fenêtre d’où elle cria : « Hardi, Julio, hardi ! »