Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/178

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nace aussi pénible que tout ce qu’elle avait pu prévoir.

— Tu iras le chercher avec la voiture, dit-elle à sa fille.

— Et toi, maman, tu ne viendras pas !

— Non, je vous attendrai ici.

— Pourquoi ? Ça lui fera de la peine.

— Je ne me sens pas très bien.

— Tu voulais aller à pied jusqu’à Berville, tout à l’heure.

— Oui, mais le déjeuner m’a fait mal.

— D’ici là, tu iras mieux.

— Non, je vais même monter dans ma chambre. Fais-moi prévenir dès que vous serez arrivés.

— Oui, maman.

Puis, après avoir donné des ordres pour qu’on attelât le phaéton à l’heure voulue et qu’on préparât l’appartement, la comtesse rentra chez elle et s’enferma.

Sa vie, jusqu’alors, s’était écoulée presque sans souffrance, accidentée seulement par l’affection d’Olivier, et agitée par le souci de la conserver. Elle y avait réussi, toujours victorieuse dans cette lutte. Son cœur, bercé par les succès et la louange, devenu un cœur exigeant de belle mondaine à qui sont dues toutes les douceurs de la terre, après avoir consenti à un mariage brillant, où l’inclination n’entrait pour rien, après avoir ensuite accepté