Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/203

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paroles consacrées du Pater noster et de l’Ave Maria. Elle n’aurait pas eu, ce jour-là, la force et la tension d’esprit qu’il lui fallait pour cette sorte de cruel entretien sans réponse avec ce qui pouvait demeurer de l’être disparu autour du trou qui cachait les restes de son corps. D’autres obsessions avaient pénétré dans son cœur de femme, l’avaient remuée, meurtrie, distraite ; et sa prière fervente montait vers le ciel pleine d’obscures supplications. Elle implorait Dieu, l’inexorable Dieu qui a jeté sur la terre toutes les pauvres créatures, afin qu’il eût pitié d’elle-même autant que de celle rappelée à lui.

Elle n’aurait pu dire ce qu’elle lui demandait, tant ses appréhensions étaient encore cachées et confuses, mais elle sentait qu’elle avait besoin de l’aide divine, d’un secours surnaturel contre des dangers prochains et d’inévitables douleurs.

Annette, les yeux fermés, après avoir aussi balbutié des formules, était partie en une rêverie, car elle ne voulait pas se relever avant sa mère.

Olivier Bertin les regardait, songeant qu’il avait devant lui un ravissant tableau et regrettant un peu qu’il ne lui fût pas permis de faire un croquis.

En revenant, ils se mirent à parler de l’existence humaine, remuant doucement ces idées amères et poétiques d’une philosophie attendrie et découragée, qui sont un fréquent sujet de causerie entre