Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/238

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IV


À petits pas, Olivier retournait chez lui, troublé comme s’il venait d’apprendre un honteux secret de famille. Il essayait de sonder son cœur, de voir clair en lui, de lire ces pages intimes du livre intérieur qui semblent collées l’une à l’autre, et que seul, parfois, un doigt étranger peut retourner en les séparant. Certes, il ne se croyait pas amoureux d’Annette ! La comtesse, dont la jalousie ombrageuse ne cessait d’être en alerte, avait prévu, de loin, le péril, et l’avait signalé avant qu’il existât. Mais ce péril pouvait-il exister, demain, après-demain, dans un mois ? C’est à cette question sincère qu’il essayait de répondre sincèrement. Certes, la petite remuait ses instincts de tendresse, mais ils sont si nombreux dans l’homme ces instincts-là, qu’il ne fallait pas confondre les redoutables avec les inoffensifs. Ainsi il adorait les bêtes, les