Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/273

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et sa fille échangeaient à toute rencontre comme à toute séparation.

Ils restèrent seuls, Elle et Lui, debout derrière les tentures de la porte refermée.

— Asseyez-vous, mon ami, dit-elle doucement.

Mais lui, presque violent :

— Non, merci, je m’en vais aussi.

Elle murmura, suppliante :

— Oh ! pourquoi ?

— Parce que ce n’est pas mon heure, paraît-il. Je vous demande pardon d’être venu sans prévenir.

— Olivier, qu’avez-vous ?

— Rien. Je regrette seulement d’avoir troublé une partie de plaisir organisée.

Elle lui saisit la main.

— Que voulez-vous dire ? C’était le moment de leur départ puisqu’ils assistent à l’ouverture de la session. Moi, je restais. Vous avez été, au contraire, tout à fait inspiré en venant aujourd’hui où je suis seule.

Il ricana.

— Inspiré, oui, j’ai été inspiré !

Elle lui prit les deux poignets, et, le regardant au fond des yeux, elle murmura à voix très basse :

— Avouez-moi que vous l’aimez ?

Il dégagea ses mains, ne pouvant plus maîtriser son impatience.

— Mais vous êtes folle avec cette idée !