Page:Maupassant - Fort comme la mort.djvu/285

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lutteur romain, fier de son énorme poitrine et de ses gros bras croisés dessus. Habitué des étuves, il s’y croyait sur la scène comme un acteur applaudi, et il y jugeait en expert la musculature discutée de tous les hommes forts de Paris.

— Bonjour, Bertin, dit-il.

Ils se serrèrent la main ; puis Landa reprit :

— Hein, bon temps pour la sudation.

— Oui, magnifique.

— Vous avez vu Rocdiane ? Il est là-bas. J’ai été le prendre au saut du lit. Oh ! regardez-moi cette anatomie !

Un petit monsieur passait, aux jambes cagneuses, aux bras grêles, au flanc maigre, qui fit sourire de dédain ces deux vieux modèles de la vigueur humaine.

Rocdiane venait vers eux, ayant aperçu le peintre.

Ils s’assirent sur une longue table de marbre et se mirent à causer comme dans un salon. Des garçons de service circulaient, offrant à boire. On entendait retentir les claques des masseurs sur la chair nue et le jet subit des douches. Un clapotis d’eau continu, parti de tous les coins du grand amphithéâtre, l’emplissait aussi d’un bruit léger de pluie.

À tout moment un nouveau venu saluait les trois amis, ou s’approchait pour leur serrer la main.